Discours de l’Ambassadeur de Colombie à l’occasion de l’activité culturelle organisée par l’Ambassade de Colombie et le Mouvement Culturel – Antélias (MCA), le vendredi 13 Avril à 16h.30
Je remercie le Mouvement Culturel de Antélias, ce rassemblement majeur d’intellectuels et de penseurs, engagé au service de la culture au Liban, d’organiser avec l’Ambassade de Colombie au Liban notre activité culturelle dans le cadre de son 34ème festival du livre. Cet evenement constitue une grande importance pour l’inter échange culturel entre le Liban et la Colombie où existe une grande communauté d’origine libanaise.
Je suis heureuse d’accueillir parmi nous ce soir Dr. Santiago Gamboa, un grand écrivain colombien qui est aussi un philologue, diplomate et un journaliste de renommée internationale et qui a déjà obtenu plusieurs prix littéraires et dont les œuvres ont été traduites en plusieurs langues. J’ai eu l’heureuse l’occasion d’assister l’année dernière à l’une de ses intéressantes conférences où il a participé à Beyrouth à une activité culturelle organisée par la Maison Internationale des Ecrivains autour du thème « Ecrivains entre deux cultures ».
Ce soir nous lançons le livre Anthologie « Dix Poèmes Colombiens » traduits de l’espagnol à l’arabe par le Ministère des Relations Extérieures de Colombie et nous dédions cette activité en hommage au Prix Nobel de littérature l’écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez décédé il y a presque un an et Dr. Gamboa va nous parler de ce géant de la littérature connu internationalement.
Nous pourrons écouter également une lecture de poèmes en espagnol présentées par Mme l’écrivain Mona Moukarzel et en arabe par Mme la Journaliste Rima Sayrafi, accompagnées par le flûtiste Mr Hratch Issahakian.
L’initiative du Ministère des Relations Extérieures de la République de Colombie de publier dans une édition bilingue espagnole et arabe les poèmes choisis de 10 poètes représentatifs colombiens, constitue une opportunité significative de rappeler les affinités culturelles et humaines entre la Colombie et le Proche-Orient et particulièrement le Liban dès la seconde moitié du XIXe siècle. Mais au moment même où les libanais s’installaient en Colombie et par un hasard de l’histoire, un des plus grands savants orientalistes et grammairiens colombiens Ezequiel Uricoechea, ami de Rufino Cuervo, et de Miguel Caro, figures culturelles éminentes de la Colombie et dont le souvenir se perpétue jusqu'à présent avec l’Institut Caro et Cuervo dans de magnifiques bâtiments d’époque à Bogota près du Ministère des Relations Extérieures, venait à Beyrouth pour développer ses connaissances dans la langue et la culture arabe et où il devait décéder le 28 Juillet 1880.
Ce rappel n’est que pour mieux insister sur les relations culturelles et humaines anciennes et privilégiées entre nos deux pays et la volonté de les perpétuer en mettant à la disposition de la société libanaise les témoignages de dix grands poètes colombiens.
La poésie a été dans l’histoire la première démarche de l’homme envers le monde extérieur, les évènements heureux ou malheureux, l’expression des sentiments et le rapprochement des sociétés et des cultures. La poésie est véritablement la mémoire de l’humanité et les grand témoignages culturels et historiques qui nous sont parvenus dans l’histoire de la pensée sont avant tout des épopées racontées en vers pour que les hommes n’oublient pas leur passé et qu’ils en perpétuent le souvenir.
La poésie est dépositaire de la mémoire d’une nation et le développement technique et scientifique contemporain n’a pas pour autant fait disparaitre cette orientation des hommes et des femmes à révérer en la poésie la pure expression de l’âme et des hauts sentiments qui élèvent les Nations.
C’est pourquoi la Colombie tient la poésie en un haut degré d’intelligence et de savoir et les Festivals Internationaux de poésie de Bogota et de Medellin sont là pour signifier clairement l’importance de l’incorporation de la poésie au champ culturel de la Nation.
Cette approche de la poésie en Colombie rejoint celle de la société libanaise pour qui la poésie fait partie intégrante de son patrimoine national et sa dimension culturelle dans le monde. Témoignage éminent de cette société envers l’autre, la poésie au Liban dont les représentants sont si nombreux depuis le XIXe siècle a connu une ouverture mondiale avec la diaspora libanaise en Amérique Latine et ailleurs avec des publications en langue espagnole et arabe à partir de la fin du XIX siècle et qui témoignent bien de la sensibilité culturelle de nos sociétés. D’ailleurs la relation de la société libanaise avec la langue espagnole remonte bien loin dans le temps puisque déjà en 1760, un savant libanais du Collège Romain maronite Michel Cassiri a publié en langue espagnole le premier catalogue des manuscrits arabes du palais de l’Escorial en Espagne.
Les poèmes choisis de dix poètes Colombiens montrent bien au fil de leur lecture qu’ils représentent une attitude de l’esprit et de l’âme envers la Création, l’existence, la nature, les divers constituants de la vie et des sentiments. Au nombre des poètes dont les œuvres ont été choisies figurent deux d’origine libanaise Giovanni Quessep (Kassab), né en Colombie en 1939, diplômé en philosophie et en littérature, poète essayiste et professeur universitaire auteur de nombreux ouvrages et Meira Delmar (Olga Chams Elhage), fille d’immigrés libanais née en Colombie-Barranquilla en 1922 et décédée en 2009 a publié de nombreux ouvrages dont sept de poésies. Directrice durant 36 ans de la « Biblioteca Publica Departamental del Atlantico » celle-çi est devenue « Biblioteca Publica Departamental Meira Delmar » en honneur à son service.
En décidant de cette publication et en rendant accessible une anthologie poétique de dix poètes éminents colombiens, le Ministère des Relations Extérieures de la République de Colombie vise à montrer que les relations entre les Etats et les peuples faites de politique et d’échanges économiques et commerciaux se consolident et s’affermissent avec l’apport culturel et humain si fondamental aujourd’hui dans nos sociétés confrontées à des défis considérables.
Dans un article publié dans le journal « El Pais » à Madrid le 16 Décembre 2001, l’écrivain colombien de renommée mondiale Gabriel Garcia Marquez, Prix Nobel de Littérature rappelait ses périples avec son ami Alvaro Mutis dans le monde et particulièrement à Beyrouth. Le puissant souffle poétique de ce recueil venant du plus profond de la Colombie vers ce Liban baigné par la Méditerranée de l’histoire et des mythologies rejoint le souffle de la joie et du bonheur que le Liban a inspiré à Marquez et à Mutis quand ils se promenaient tous les deux à Beyrouth et sur les routes du Liban.